Un fort mouvement de mécontentement entraîna entre 200 et 300 hommes vers le canal de la Somme tout proche. Un chef de bataillon, le commandant Delfort, écrira dans son rapport " Ils sont partis l'après-midi du 10, le plus grand nombre après 17 heures, isolément ou par petits groupes sympathiques, comme pour aller se laver au canal de la Somme, ou prendre le frais sur ses bords...".
L’aumônier de la division évoquera dans un courrier "des enfantillages". Ce comportement aura pour effet direct de retarder la montée vers la Maisonnette de 24 heures, puis tout rentra dans l’ordre. Mais pour ces "enfantillages" 57 hommes passèrent devant un conseil de guerre. Dix neuf furent condamnés à mort pour abandon de poste devant l’ennemi. Ils firent appel de la sentence mais deux furent exécutés "pour l’exemple". Ils avaient 22 et 23 ans !
Dans les deux cas les familles ignoraient les circonstances de leur mort et le lieu où ils furent enterrés. Cinq années de recherches ont levé cette chape de plomb, ce secret, qui pesait sur les familles.
Dans quelques semaines le nécessaire sera fait pour que Julien Lançon rejoigne un caveau familial. Il ne restera plus à Sarcus que deux stèles rappelant que Sylvestre Marchetti a reposé dans ce cimetière pendant 94 années et Julien Lançon durant 98 ans. Personne ne se posera plus la question de savoir qui étaient ces deux hommes reposant au fond du cimetière. Se pencher sur l’Histoire c’est aussi respecter le devoir de mémoire."
Jean-Claude Flament