Publié le 25 Octobre 2014
Dimanche 28 septembre, 7h45 place de l'église, le jour se lève à peine. Tout le monde est à l'heure pour notre voyage historique annuel "Art et Histoire". Le car arrive et nous voilà partis. Des bancs de brouillard sur la route, peu de circulation. Comme l'Ile-de-France est belle ! Arrivée à Jouy-en-Josas sous le soleil. Quelques courageux ont juste le temps d'aller au centre ville acheter des croissants pour tout le monde et le château de l'Eglantine, musée de la toile de Jouy depuis 1991, nous ouvre ses portes.
Géographiquement, le château se situe à la limite nord-ouest de l'ancien enclos de la manufacture de Jouy, qui s'étendait sur l'actuel centre de la commune, en direction de Versailles. Le hall d'entrée est surmonté d'une coupole ornée d'une verrière colorée. Elle est entourée de douze lais de papier peint représentant les allégories des cinq sens. Là, notre guide nous accueille puis nous entraîne dans les salles du musée ; le rez-de-chaussée est consacré à la famille Oberkampf, à l'histoire de la manufacture et aux techniques d'impression sur coton.
A l'étage est présentée la collection de toiles imprimées d'origines variées : pièces textiles originaires de la manufacture de Jouy, mais aussi indiennes des Indes, qui ont inspiré la production de Jouy et plus largement, parce que l'expression toile de Jouy est devenue un terme générique désignant un style de toiles imprimées figuratives des XVIIIe et XIXe siècles, toiles provenant d'autres manufactures.
Nous avons été enchantés de découvrir la beauté de certains tissus et celle des noms qui les définissent : siamoise, mignonnette, calanca, percale, pékin, garas, indienne… , la variété des sujets imprimés, la créativité des artisans ainsi que les échanges internationaux de savoir-faire et de techniques qui ont permis des avancées rapides dans ce domaine.
Le temps a passé très vite, notre guide était passionnante. L'heure du déjeuner avait sonné et le soleil était toujours présent pour nous accompagner jusqu'au Robin des Bois où nous avons pu prendre un repas régénérateur.
Petit trajet en car jusqu'au château de Breteuil ; en peu de temps nous sommes passés de la vallée de la Bièvre à la vallée de Chevreuse. Belle demeure, propriété de la famille depuis 1712, restaurée depuis 1967 par Henri-François, marquis de Breteuil et sa famille.
Le marquis nous a accueillis dans la cour carrée, nous a conseillé sur un parcours de promenade possible (jardin des Princes, labyrinthe, pièce d'eau, colombier ainsi que dans les communs scènes des contes de Perrault) dans l'immense parc qui s'étend sur 75 hectares, classé "jardin remarquable".
Ce jardin aux multiples visages et perspectives est un merveilleux écrin qui domine la vallée de Chevreuse.
Le colombier, unique vestige de l'époque médiévale, magnifiquement restauré, constituait une ressource économique importante car on y récupérait la colombine, un engrais très fertile. Nous avons pu y découvrir l'exposition «Breteuil à table» : une dizaine de grands tableaux de l'histoire de l'Art présentant des scènes de repas sont transposés en maquettes finement réalisées par Brigitte Duboc.
Le marquis de Breteuil nous a ensuite fait visiter sa magnifique demeure, transformée en musée, lui-même et sa famille vivant actuellement dans un autre bâtiment de la propriété. Ce château, est une véritable maison de famille ; les traces d'un passé de 300 ans, l'histoire d'une famille au cœur de l'histoire de France se retrouvent dans chaque pièce et c'est très émouvant : en 1785, Louis Auguste de Breteuil est chargé d'arrêter le Cardinal de Rohan, lors du scandale de l'affaire du collier... Henri de Breteuil reçoit le 12 mars 1881 le futur roi Edouard VII et Léon Gambetta. C'est une rencontre diplomatique en vue de la construction de l'Entente cordiale. Puis le petit fils d'Edouard VII, le futur Edouard VIII, séjournera au château pour apprendre le français…
Toutes ces scènes sont reconstituées grandeur nature dans les différentes pièces du château par le musée Grévin.
Parfois, l'on y découvre aussi quelques scènes du Chat botté, c'est assez surprenant et… bien sûr féérique.
Dans la salle d'égyptologie est exposée la monumentale collection de La Description de l'Egypte composée de 26 volumes. Réalisée suite aux expéditions menées par Napoléon Bonaparte à la fin du XVIIIe siècle, cette collection est un cadeau du roi Charles X à Charles de Breteuil nommé Pair de France en 1830. L'édition originale présentée ici est très rare car il en reste aujourd'hui moins de dix exemplaires au monde.
Et partout des tableaux, de Louis XVI, Marie-Antoinette, Louis XVIII et tous les portraits de famille… de Marcel Proust, ami d'Henri de Breteuil… et de Gabrielle Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, appelée Emilie du Chatelet, physicienne et mathématicienne française, maîtresse de Voltaire, qui doit à son père une éducation rarement dispensée aux filles. Henri-François de Breteuil nous dit avoir une affection particulière pour cette femme qui s'est vouée à l'étude et qui était aussi douée en musique et en dessin qu'en sciences.
Lors de cette visite passionnante, le marquis nous a aussi confié qu'il se sentait avant tout Européen… et là, j'ai repensé tout à coup au musée de la toile de Jouy et à Oberkampf…
Nous poursuivrons notre visite par une incursion dans les cuisines aux cuivres bien astiqués, aux grès rustiques et à la faïence plus raffinée. Là encore une mise en scène des plus réalistes nous subjugue ; la reconstitution est parfaite de la mimique des personnages à leur posture et leur costume… Nous terminerons par la visite de la chapelle aux rares petits vitraux du 15e siècle provenant de la cathédrale de Chartres.
Le retour fut aussi rapide que l'aller, grâce à notre chauffeur qui connaissait des routes peu encombrées. Et c'est fourbus, mais enrichis de toutes nos découvertes que nous nous séparâmes sur la place de l'église.
Franceline Legrand
photos ©Pierre_Meunier