Un dimanche à Meaux avec les Amis du Vieux Verneuil

Nous sommes réunis pour notre sortie Art et Histoire annuelle et nous sommes le dimanche 24 septembre 2017.

Après l'an dernier la cité épiscopale de Noyon, nous avons choisi de découvrir celle de Meaux. Notre président d'honneur, Yvan, bien que n'étant pas du voyage, nous a préparé une belle plaquette illustrée et en quadrichromie avec l'emploi du temps détaillé, le menu du midi et une préparation de ce que nous allions découvrir resituant la cité meldoise dans l'histoire et la géographie. Merci à lui pour ce beau travail.

Une belle journée ensoleillée pour découvrir les richesses de la ville de Meaux !

Il s'agit tout d'abord, en ces années de commémoration de 1914-1918 de découvrir le Musée de la Grande Guerre érigé en 2011 sur le territoire même de la fameuse bataille de la Marne, qui permis d'éviter la prise de Paris.

Les Amis du Vieux Verneuil ont passé 2h30, ce qui s'est avéré à peine suffisant pour découvrir les richesses de ce musée.

La projection qui introduit la visite nous fait passer en 4 minutes de notre époque à la Guerre de 1870. Car tout commence après cette guerre franco-prussienne, qui nous a enlevé l'Alsace-Moselle et laissé de part et d'autre de quoi ranimer un conflit.

Une visite libre permet à chacun d’admirer à son rythme la très riche collection d’objets provenant de tous les pays belligérants : costumes, matériel militaire, souvenirs de famille, documents et affiches de toutes sortes…. à travers différents thèmes : les femmes dans la guerre, la vie du soldat, l’hôpital des blessés, la religion, la mort, et.

Un de nos participants remarque tout de même qu’il n’y a aucune mention du rôle joué par Marie Curie  avec son camion de radiologie, pour dépister les corps étrangers dans les chairs des soldats…et pourtant, elle était là !

Un autre s'étonne de ne pas voir évoqué plus en détails les misères des tranchées et notamment les poux et les puces qui infestaient tout autant le Poilu que le Feldgrau. Mais certains d'entre nous ont des idées fixes.

Vite avant de sortir un rapide tour sur le toit-terrasse pour photographier l'immense monument offert par les États-Unis et inauguré en 1932. Pas le temps - il est midi et quart, le bus attend - pour aller dominer la ville de Meaux et la vallée de la Marne qui lui font face.

Un déjeuner sympathique à la Maison meldoise dans la petite salle aux vieilles poutres, nous permet de découvrir la moutarde de Meaux, tant dans l’aumônière au brie de Meaux - normal dans une ville épiscopale -  qui suit l'amuse-gueule, que dans le plat de résistance au brie de Meaux qui lui succède. La tarte aux pommes agrémentée de glace et de chantilly (territoire connu) précède l'expresso final.

Notre sympathique guide nous présente devant l'office de tourisme les 2 heures de découvertes qui nous attendent et qui passeront trop vite.

Et oui, Meaux est la ville de Jacques-Bénigne Bossuet (1627 Dijon - 1704). Il y fut évêque très impliqué dans les affaires de son diocèse. Né à Dijon, la question que l'on peut se poser est de savoir si c'est lui qui apporta à Meaux la recette du condiment, de la mustarda meldensis... Si la moutarde était déjà fabriquée à Dijon au XVIème siècle, cette hypothèse ne tient pas une minute. En effet, le site de la moutarde de Meaux Pommery nous dit que le condiment était déjà préparé par des religieux meldois en 1632 et déjà apprécié à la table royale. Alors que Bossuet n'est arrivé à Meaux qu'en 1681, après avoir, entre autres, été chanoine à Metz, puis évêque à Condom.

La visite guidée débute donc dans le superbe jardin bien fleuri d'espèces colorées et mellifères de l’évêché, jardin qui aurait été dessiné par André Le Nôtre en 1642. Il est vrai que le château de Vaux-le-Vicomte n'est distant que d'une cinquantaine de kilomètres. Surprenant jardin en forme du couvre-chef réservé aux évêques.

Les parterres fleuris dessinant la dite mitre permettent aux amateurs de pollinisateurs de se rattraper des poux qu'ils n'ont pu voir évoqués le matin.

Le groupe se dirige par une sombre poterne vers les vieux remparts cernant le jardin, pour se rendre au jardinet où se niche une petite maison qui aurait été, dit-on, le lieu privilégié par Bossuet pour y rédiger la nuit, ses sermons, mais rien n’est moins sûr… ! Les fines dentelles de buis ne manquent pas de déclencher quelques questions sur la redoutable pyrale. Heureusement les mânes de Bossuet semblent les protéger du fléau.

La façade impressionnante de la cathédrale Saint-Étienne avec sa belle tour à gauche et la petite tour construite en bois, la Tour noire, à droite, révèle ses statues décapitées au cours des Guerres de Religion.

Le Portail de la Vierge présente une Annonciation qui n'est pas sans rappeler aux Vernoliens le tableau de Bernardo Castello de leur église, actuellement à l'honneur au Quadrilatère à Beauvais dans le, cadre de l'exposition Heures italiennes.

La visite de la cette belle cathédrale gothique où Bossuet s'illustra par ses prêches renommés, nous permet, entre autres, de découvrir les statues du fameux évêque érigées l'une en 1823, pour le centenaire de sa mort en 1804, l'autre en 1911. pour le bicentenaire de 1904.

Si la statue du centenaire pointe le bras vers le chœur, celle du bicentenaire le pointe vers la voûte et surmonte un aigle, symbole du prélat dit l'Aigle de Meaux. Au pied de la colonne, le Grand Dauphin dont il fut le précepteur, Henriette d'Angleterre - souvenez-vous la fameuse oraison funèbre "Madame se meurt, Madame est morte", qui fait que tous les lycéens se souviennent de Bossuet, Turenne et Louise de Lavallière.

Pour le tricentenaire de 2004, on se contentera d'une rose, à l'habit pourpre-violet, la rose Bossuet-Aigle de Meaux. Nous avons pu l'admirer au jardin.

Après avoir laissé derrière nous le Vieux Chapitre, où les chanoines se réunissaient plusieurs fois par jour, nous pénétrons de l’ancien palais épiscopal aujourd'hui Musée Bossuet :

Très beau musée avec de magnifiques peintures du XVIème siècle, comme la Déploration du Christ de Frans Floris ou  du XVIIème siècle avec la Crucifixion de Noêl Coypel, sans oublier la Suzanne et les vieillards de Cesari.

Une pinacothèque qui vaut le déplacement avec d'autres beaux portraits du fameux évêque, dont un de Mignard, récemment acquis, et de nombreux autres tableaux d’artistes comme ceux de peintres de l'école de Barbizon, avec notamment Daubigny, et d'autres non moins intéressants.

Mais la journée ne pouvait pas se terminer sans un passage à la Maison du Brie, nouvellement inaugurée. Là une information détaillée nous a été fournie par le président de la Confrérie fromagère en personne, assisté d'une consœur et d'un confrère en habit, sur la fabrication du brie de Meaux (AOP, à savoir Appellation d'Origine Protégée)

Information suivie bien évidemment d’une dégustation de ce fromage dont on fabrique 7000 tonnes par an, arrosée  d’un verre de givry,.

Pourquoi le choix de ce vin ? Tout simplement parce que le givry a été officiellement uni en 1992 au délicieux brie de Meaux. Et pourquoi ce mariage ?  Parce que Henri IV venait à Meaux voir Gabrielle d'Estrées, sa maîtresse, et que celle-ci n'était autre que la châtelaine de Germolles, situé à 3 km de Givry en Bourgogne.

Très belle harmonie entre ce cru de vin et ce cru de fromage.

Nul doute que nos Poilus auraient apprécié ce menu.

Nombre d'entre nous sont repartis avec un quart de brie de Meaux dans leur musette. Certains avec une bouteille de givry, mais moi j'avais un petit vin de la région de Condom à la ,cave, et comme vous avez vu plus haut que Bossuet avait aussi été évêque de cette belle petite ville sur la Baïse entre Armagnac et Agenais, cela allait de soi... Et je peux vous garantir que cette alliance n'était pas contre nature.

Un bus tout neuf, un excellent chauffeur, une guide remarquable, bref une très bonne journée... et merci à Nicole qui l'a organisée.