L’Annonciation : un tableau de Verneuil-en-Halatte en vedette

En cette année 2017, les musées des Hauts-de-France mettent la peinture italienne à l’honneur dans le cadre du programme culturel Heures Italiennes.

A Beauvais, le MUDO (Musée de l’Oise) et Le Quadrilatère proposent une exposition à ne surtout pas manquer « Le Naturalisme et le Baroque XVII^e siècle » jusqu’au 17 septembre. On y découvre les écoles de peinture du Seicento de Bologne à Naples à travers quatre-vingt tableaux.

Au MUDO, on peut admirer entre autres de superbes œuvres du Caravage. C’est au Quadrilatère (ex-galerie de la Tapisserie) que nos pas nous mènent pour faire connaissance avec la peinture sacrée et de superbes représentations de la figure humaine.

Pour nous, Vernoliens, parmi les œuvres présentées au Quadrilatère, au sous-sol de la galerie, au fond d’un passage où un saint nous tend les bras… C’est l’Extase de Saint François… Il est de Luca Jordano et vient de l’église Sainte-Geneviève de Gouvieux.

Mais poursuivons notre exploration. Au fond d’un passage, à côté d’une Sainte Famille au repos de Valerio Castello des collections du musée national de Compiègne

… à droite face à une Adoration des Bergers de Valerio Castello provenant du musée national de Compiègne, un tableau retient toute notre attention : il vient de Verneuil-en-Halatte :

Il est de Bernardo Castello. La toile est signée au centre « Bernardo Castello l’a peint et l’a consacré à la sainte Vierge en 1624 », entre les mains de la Vierge et de l’Ange, sous la fenêtre s’ouvrant sur le ciel et des bâtiments à l’architecture dépouillée d’une ville idéale.

L’œuvre proviendrait du château de Verneuil ayant appartenu successivement à Anne d’Este, puis à Henriette d’Entragues, maîtresse de Henri IV, à son fils Gaston-Henri, duc de Verneuil, à sa veuve Charlotte Séguier. Le château a été donné en dot par cette dernière à Maximilien Henri de Béthune, petit-fils issu de son premier mariage avec Sully, le Sully de labourage et pâturage. Celui-ci la vendu en 1705 à Henri Jules de Bourbon, Prince de Condé, qui l’a malheureusement fait démanteler.

Qui a offert le tableau à l’église saint-Honoré ? Cela on ne le sait pas.

Mais voici enfin le tableau :

Il est habituellement suspendu dans notre église dans l’ombre et peu visible. Ici il s'offre dans toute sa splendeur, à hauteur d'homme et magnifiquement éclairé, nous permettant d’admirer les personnages quasiment les yeux dans les yeux. A noter qu'il avait été restauré quelques temps avant cette exposition.

Qui est le peintre ? C’est un peintre baroque né à Gènes vers 1557 d’une famille d’artistes très actifs. Il a été en apprentissage auprès d’Alessandro Semini et de Luca Cambiaso (je rends hommage à Wikipedia qui m’apprend tout cela) et aurait été influencé par son ami Torquato Tasso. On nous apprend qu’un certain nombre de ses tableaux auraient été exécutés à Gênes, à Rome et à la cour du duc de Savoie. Il est mort en 1629, laissant trois fils, peintres également, Giovanni Battista, Bernardino et Valeri (celui qui a peint le repos de la Sainte-Famille plus de 25 ans après l’Annonciation de son père).

Un tableau peint en 1624… Anne d’Este est née en 1531 à Ferrare. Elle s’était mariée en secondes noces avec Jacques de Savoie (1531-1585). Elle est décédée en 1607 à Paris, après avoir vendu le château à Henri IV pour sa maîtresse Henriette. Vu que le tableau est postérieur à son décès, on est sûr qu’il ne vient pas d’elle ou de Jacques de Savoie. Ce n’est pas une acquisition d’Henri IV. Ce serait plus probablement une acquisition du duc de Verneuil et le don aurait pu être fait à l’église à la mort de ce dernier en 1682. Mais ce sont des hypothèses. Peut-être que les Amis du Vieux Verneuil nous livreront un jour la clé de ce mystère.

Mais voici une photo prise à l’occasion d’un concert en 2015, montrant le tableau tel qu’il était jusqu’alors exposé dans notre église à droite du chœur. Et bien éclairé de surcroît à la place qu'il devrait retrouver après cette belle exposition.