Jacques Taffanel : à l'origine du CERCHAR

Publié le 2 Mars 2023

Verneuil-en-Halatte est probablement la seule commune de France à posséder une rue portant le nom de Jacques Taffanel. Ce nom est lié à la présence sur son territoire de l’INERIS et, avant lui, du CERCHAR, Centre d’Études et Recherches de Charbonnages de France.

Jules Lucien Jacques Taffanel naît le 20 mai 1875 à Paris. Il est le fils de Claude Paul Taffanel (1844-1908), célèbre compositeur et flûtiste, considéré comme le fondateur de l'école française de flûte traversière. Jacques Taffanel fait de brillantes études, étant à 25 ans diplômé de l’École polytechnique et de l’École des mines de Paris. Il commence sa carrière, à Clermont-Ferrand puis à Saint-Étienne, comme ingénieur au Service des mines, l’administration chargée de la surveillance des exploitations minière

Le 10 mars 1906, survient la terrible catastrophe de Courrières (Pas-de-Calais) : il s’agit d’une explosion de poussières de charbon qui ravage plus de 100 kilomètres de galeries et entraîne la mort de 1099 mineurs. C’est la deuxième plus grande catastrophe minière au monde en termes de nombre de victimes ! Cet accident meurtrier émeut la population et remet en question les connaissances des ingénieurs. C’est ainsi que le Comité central des Houillères de France, appuyé par l’administration des mines, décide rapidement de la création d’une station d’essais à Liévin (Pas-de-Calais). Celle-ci a « pour objet l’étude scientifique et pratique des questions concernant la sécurité dans les mines » (arrêté du 5 février 1907). Jacques Taffanel en devient le directeur. La station a une courte existence du fait de la survenue de la guerre en 1914.

Néanmoins, Taffanel et son équipe réussissent, en quelques années seulement, grâce à une démarche scientifique rigoureuse, à développer une somme de connaissances nouvelles et surtout à mettre au point des moyens de prévention des explosions minières.

En particulier, Taffanel conçoit des « arrêts-barrages » destinés à arrêter la propagation d’une explosion au plus près de son point de départ. Il s’agit d’un ensemble de planches sur lesquelles est stockée de la poussière stérile (calcaire). En cas d’explosion, l’onde de pression qui en résulte fait basculer les planches, dispersant ainsi la poussière stérile dans l’atmosphère de la galerie, ce qui étouffe la flamme de l’explosion. Ces dispositifs seront utilisés avec efficacité pendant de nombreuses décennies dans les houillères, en France et à l’étranger. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les mineurs les appelleront communément taffanelles.

Arrêt-barrage à poussière stérile (taffanelle) mis au point par J. Taffanel. Photo CERCHAR.

Arrêt-barrage à poussière stérile (taffanelle) mis au point par J. Taffanel. Photo CERCHAR.

La station de Liévin, entièrement détruite par la guerre, est reconstruite en 1920 à Montluçon (Allier). Jacques Taffanel intègre la Compagnie des Forges de Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons (société sidérurgique et minière française, créée en 1862, qui sera intégrée à Usinor en 1979). D'abord directeur des établissements du Centre de cette compagnie, il en devient directeur général adjoint en 1922 puis directeur général en 1924. Il est ensuite vice-président du Comité des forges de France. La station de Montluçon fonctionnera jusqu’en 1947 et constituera les bases du CERCHAR, créé en 1947 et installé à Verneuil en 1950. Mais ceci est une autre histoire…

En 1911, la Société de l'industrie minérale remet à Jacques Taffanel sa grande médaille d'honneur, pour ses travaux particulièrement remarquables sur les mesures préventives contre les poussières de houille. La même année, il reçoit la croix de la Légion d'honneur.

Sur le plan personnel, Jacques Taffanel épouse Marie Marguerite Chancel, le 13 octobre 1919. Le couple a deux enfants, Jacqueline Taffanel (1921-2007) et Claude Taffanel (1922-1999). Marie Marguerite meurt le 28 août 1924 à Paris. Jacques Taffanel meurt à Paris le 5 mars 1946.

Christian Tauziède

Source principale : Histoire des Ingénieurs des Mines, sur le site Internet des Annales de Mines,

Rédigé par Les Amis du Vieux Verneuil

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